17 déc. 2014

Les filles sont-elles discriminées en maths ?


Si l’on en croît une certaine sociologie, ou certains spécialistes es sciences de l’éducation, l'école serait un peu responsable de la sous-représentation des filles dans les filières scientifiques. Les professeurs auraient intégré le stéréotype qui assigne les filles aux études littéraires et les garçons aux études scientifiques. A travers les nombreux feedbacks de l’évaluation formative et sommative, ils auraient tendance à renforcer, bien inconsciemment, les dispositions sexuées héritées de la socialisation.

==> Cf. par exemple cet exposé de la sociologue Annette Jarlegan : L’école: garçons et filles à égalité?

Las ! Deux études récentes confirment un biais sexué de l’évaluation, mais pas dans le sens attendu.

Deux chercheurs de l’Ecole d’Economie de Paris ont comparé les résultats à l’écrit (anonyme) et à l’oral du concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, pour les filles et les garçons. A l’évidence, les filles bénéficient d’une plus grande bienveillance dans les disciplines scientifiques : leur classement à l’issue de l’oral s’améliore significativement. Inversement, les garçons sont avantagés dans les disciplines littéraires.


Sources : Données du concours d'entrée à l'ENS sur la période 2004-2009.
Note : Le Tableau présente des statistiques descriptives sur le concours d'entrée à l'ENS et chacun de ces sous-concours. Ces sous-concours sont: Mathématiques et Physique (MP), Physique et Chimie (PC); Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre (BCPST); Sciences-Sociales (BL); Lettres (AL).

Graphique 1: Variation du classement des filles entre l'oral et l'écrit dans chaque épreuve obligatoire pour les concours Mathématiques-Physique (MP) et Lettres (AL)

Sources : Données du concours d'entrée à l'ENS sur la période 2004-2009. Lecture : Dans le concours Mathématiques-Physique, le passage de l'écrit à l'oral permet aux filles de dépasser 12 % des candidats en mathématiques et 7 % des candidats en physique. Elles perdent en revanche des places dans le classement en langues

Une autre chercheuse de l’Ecole d’Economie de Paris a étudié les notes en Mathématiques de 4000 élèves de 6ème dans l’Académie de Créteil. Quand les copies sont anonymées (tests standardisés), les filles obtiennent des notes significativement inférieures à celles des garçons. En revanche, quand on observe les bulletins trimestriels, les filles ont de meilleures moyennes que les garçons ! Cette différence entre les notes anonymes et les moyennes trimestrielles ne se retrouve pas en Français.

Graphique 2: Distribution des scores des filles et des garçons en mathématiques
Sources : Données collectées dans le cadre d’une expérimentation sur la place des parents à l’école. Lecture : Les scores sont centrés et réduits de telle sorte que leur moyenne est égale à 0 et leur variance est égale à 1. L’écart moyen entre score des filles et des garçons est négatif et représente 0.147 points d’un écart-type lorsque le score est anonyme, il est positif et représente 0.169 points lorsque le score est non-anonyme

Pour l’auteur, « ces résultats tendent à contredire l'idée fréquente selon laquelle les filles souffriraient d'une discrimination négative dans les disciplines scientifiques. Nous trouvons l'inverse, et ce résultat confirme les conclusions d'études menées dans d'autres pays ».

Sources :
Les deux études de l’IPP sont accessibles en ligne :

Voir le compte rendu des décodeurs : « A Normale ou en 6e, les filles sont mieux notées en sciences que les garçons » (Le Monde)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est supposer un peu vite que les tests standardisés sont neutres. De plus, je ne vois pas l'intérêt de la pique envers une « certaine » sociologie et science de l'éducation : n'est-ce pas une simple mise à jour des connaissances ? Il n'y a rien d'étonnant à ce que les enseignants changent. Ça ne contredit en rien les résultats antérieurs, seulement l'idée que rien n'aurait changé.

Anonyme a dit…

Ou peut-être pourrait-on supposer que les "choix de carrière" différents entre hommes et femmes ne s'expliquent pas seulement en raison de "discriminations arbitraires" de notre si terrible société mais que les différences biologiques, que les actuels partisans de l'idéologie du genre (et je précise bien que je ne parle pas des études du genre qui sont une chose à part malgré l'influence anglo-saxonne, donc libérale, du choix de cette terminologie) ont tendance à nier - ce qui relève du délire hallucinatoire pur - puissent avoir un rôle. Ce qui nous permettrait d'ailleurs de saisir la différence entre égalité et identité des deux sexes, deux concepts que le féminisme contemporain n'est même plus capable de questionner.