Si l’on en croît une certaine
sociologie, ou certains spécialistes es sciences de l’éducation, l'école serait
un peu responsable de la sous-représentation des filles dans les filières scientifiques. Les professeurs auraient intégré le stéréotype qui assigne les
filles aux études littéraires et les garçons aux études scientifiques.
A travers les nombreux feedbacks de l’évaluation formative et sommative, ils auraient
tendance à renforcer, bien inconsciemment, les dispositions sexuées héritées de
la socialisation.
==> Cf. par exemple cet exposé de la
sociologue Annette Jarlegan : L’école:
garçons et filles à égalité?
Las ! Deux études récentes confirment un biais sexué de l’évaluation, mais pas dans le sens attendu.
Deux chercheurs de l’Ecole d’Economie
de Paris ont comparé les résultats à l’écrit (anonyme) et à l’oral du concours
d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, pour les filles et les garçons. A l’évidence, les filles bénéficient d’une
plus grande bienveillance dans les disciplines scientifiques : leur
classement à l’issue de l’oral s’améliore significativement. Inversement, les
garçons sont avantagés dans les disciplines
littéraires.
Sources : Données du concours d'entrée
à l'ENS sur la période 2004-2009.
Note : Le Tableau présente des
statistiques descriptives sur le concours d'entrée à l'ENS et chacun de ces
sous-concours. Ces sous-concours sont: Mathématiques et Physique (MP), Physique
et Chimie (PC); Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre (BCPST);
Sciences-Sociales (BL); Lettres (AL).
Graphique
1: Variation du
classement des filles entre l'oral et l'écrit dans chaque épreuve obligatoire pour
les concours Mathématiques-Physique (MP) et Lettres (AL)
Sources : Données du concours d'entrée
à l'ENS sur la période 2004-2009. Lecture : Dans le concours
Mathématiques-Physique, le passage de l'écrit à l'oral permet aux filles de
dépasser 12 % des candidats en mathématiques et 7 % des candidats en physique.
Elles perdent en revanche des places dans le classement en langues
Une autre chercheuse de l’Ecole d’Economie
de Paris a étudié les notes en Mathématiques de 4000 élèves de 6ème
dans l’Académie de Créteil. Quand les copies sont anonymées (tests
standardisés), les filles obtiennent des notes significativement inférieures à
celles des garçons. En revanche, quand on observe les bulletins trimestriels, les
filles ont de meilleures moyennes que les garçons ! Cette différence entre
les notes anonymes et les moyennes trimestrielles ne se retrouve pas en Français.
Graphique
2:
Distribution des scores des filles et des
garçons en mathématiques
Sources : Données collectées dans le
cadre d’une expérimentation sur la place des parents à l’école. Lecture : Les
scores sont centrés et réduits de telle sorte que leur moyenne est égale à 0 et
leur variance est égale à 1. L’écart
moyen entre score des filles et des garçons est négatif et représente 0.147
points d’un écart-type lorsque le score est anonyme, il est positif et
représente 0.169 points lorsque le score est non-anonyme
Pour l’auteur, « ces résultats
tendent à contredire l'idée fréquente selon laquelle les filles
souffriraient d'une discrimination négative dans les disciplines scientifiques.
Nous trouvons l'inverse, et ce résultat confirme les conclusions d'études
menées dans d'autres pays ».
Sources :
Les
deux études de l’IPP sont accessibles en ligne :
Voir
le compte rendu des décodeurs : « A
Normale ou en 6e, les filles sont mieux notées en sciences que les garçons »
(Le Monde)
2 commentaires:
C'est supposer un peu vite que les tests standardisés sont neutres. De plus, je ne vois pas l'intérêt de la pique envers une « certaine » sociologie et science de l'éducation : n'est-ce pas une simple mise à jour des connaissances ? Il n'y a rien d'étonnant à ce que les enseignants changent. Ça ne contredit en rien les résultats antérieurs, seulement l'idée que rien n'aurait changé.
Ou peut-être pourrait-on supposer que les "choix de carrière" différents entre hommes et femmes ne s'expliquent pas seulement en raison de "discriminations arbitraires" de notre si terrible société mais que les différences biologiques, que les actuels partisans de l'idéologie du genre (et je précise bien que je ne parle pas des études du genre qui sont une chose à part malgré l'influence anglo-saxonne, donc libérale, du choix de cette terminologie) ont tendance à nier - ce qui relève du délire hallucinatoire pur - puissent avoir un rôle. Ce qui nous permettrait d'ailleurs de saisir la différence entre égalité et identité des deux sexes, deux concepts que le féminisme contemporain n'est même plus capable de questionner.
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