12 déc. 2010

Le Crayon

Document pédagogique.
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Milton Friedman raconte, VO sous-titrée en français (Youtube)

Une histoire charmante intitulée "Moi, le Crayon", racontée par Leonard E. Read", illustre de façon saisissante comment l'échange volontaire permet à des milliers de personnes de coopérer entre elles. M. Read, par la voix de "Crayon - le crayon en bois ordinaire bien connu de tous ceux qui savent lire et écrire", commence son histoire par l'affirmation fantastique que "pas une seule personne... ne sait comment me faire". Puis il nous énumère tout ce qui entre dans la fabrication d'un crayon. Tout d'abord, le bois vient d'un arbre, "un cèdre au fil tout droit qui pousse en Orégon et dans le nord de la Californie". Pour abattre l'arbre et traîner les grumes jusqu'au chemin de fer, il faut "des scies et des chariots, de la corde et d'autres outils sans nombre". De nombreuses personnes et des talents infinis participent à leur fabrication : "l'extraction des minerais, la fabrication de l'acier et son affinage pour le transformer en scies, haches et en moteurs ; la culture du chanvre et tous les stades de sa transformation en cordes lourdes et fortes ; la construction des camps de bûcherons, avec leurs lits et leurs réfectoires " … M. Read continue en décrivant l'arrivée des grumes à la scierie, le passage de la grume à la planche, puis le transport des planches de Californie jusqu'à Wilkes-Barn, où a été fabriqué le crayon qui raconte son histoire. Et il ne s'agit jusque-là que du bois extérieur du crayon. La mine est au départ du graphite extrait dans une mine de Ceylan. Le morceau de métal - la virole - près du bout du crayon, est en laiton. "Pensez à toutes les personnes qui ont extrait ce zinc et ce cuivre ; et à celles qui, à partir de ces produits de la nature, ont eu les talents de faire cette mince feuille de laiton brillant". Ce que nous appelons gomme n'est pas du tout de la gomme comme certains le croient. C'est un produit d'apparence caoutchouteuse obtenu en faisant réagir sur du chlorure de soufre de l'huile de graines de colza provenant des Indes néerlandaises (aujourd'hui Indonésie). "Après tout ceci, dit le crayon, quelqu'un ose-t-il mettre en doute mon affirmation qu'aucune personne sur cette Terre ne sait comment me faire ?"

Aucune des milliers de personnes impliquées dans la production de ce crayon n'accomplit sa tâche parce qu'elle a besoin d'un crayon. Certaines d'entre elles n'ont jamais vu un crayon, et ne savent pas à quoi il peut servir. Chacun considère son travail comme une façon d'obtenir les biens et les services dont il a envie, lui - biens et services que nous avons produits, nous, pour pouvoir obtenir le crayon que nous désirons. Chaque fois que nous allons dans un magasin acheter un crayon, nous échangeons un petit morceau de nos services pour la quantité infinitésimale de services fournie par chacun des milliers d'êtres qui ont contribué à la production du crayon.

Il est plus stupéfiant encore, lorsqu'on y songe, que le crayon ait été produit. Personne, dans aucun service central, n'a donné d'ordres à ces milliers de gens. Aucune police militaire n'a fait exécuter les ordres qui n'ont pas été donnés. Les hommes impliqués dans le crayon vivent dans de nombreux pays, parlent des langues différentes, pratiquent des religions différentes, se détestent peut-être entre eux - mais aucune de ces divergences ne les a empêchés de coopérer pour produire ce crayon.

Friedman, Milton & Rose (1981), La liberté du choix, Paris, Belfond

==> Le texte de Leonard Read est disponible sur Econlib ou sur le site de la FEE (pdf). Il a été traduit en français par Hervé de Quengo : ici

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