Le Zimbabwe constitue un cas d’école d’hyperinflation. Jusqu’en 2009, les prix augmentaient si vite que le gouvernement devait régulièrement émettre de nouveaux billets : le billet de 1 $ zimbabwéen a ainsi été remplacé par le billet de 100 000 $, puis par celui de 100 millions de $. Le 21 juillet 2008, un billet de 100 milliards de $ a été émis : il permettait d’acheter trois œufs !
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La même année, la banque du Zimbabwe a du émettre un nouveau billet de 100 000 milliards de $ !
Peu à peu, le $ zimbabwéen a perdu toute valeur. Mesurée à l'aune de l'appréciation du $ américain face au $ zimbabwéen, l’inflation cumulée atteint 47 200 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 % depuis 1980 !
Dans les échanges, les devises étrangères, l’or, ou les cigarettes se sont peu à peu substitués au ZIM$ comme monnaie de paiement (cf. ce reportage du Guardian : Gold for bread). En 2008, les $ zimbabwéens n'étaient même plus acceptés comme papier toilette !
Trente ans après sa création, le Zimbabwe s’est beaucoup appauvri : le PIB par tête et l’espérance de vie sont en 2009 très inférieurs à leur niveau de 1980 ! et même de 1960 ! (cf. Gapminder world – sélectionner Zimbabwe et mettre le curseur sur 1980). Les zimbabwéens se sont repliés sur l’autosubsistance, recourant au troc pour le complément. Partout, l’économie monétaire a reflué.
En 2009, le $ américain a été officiellement adopté comme monnaie. L’inflation est désormais sous contrôle (3,6 % l’an dernier). Payés 100 $ par mois, les professeurs sont de retour dans les classes et les infirmières dans les hôpitaux. L’économie commence doucement à repartir. Mais, pour le petit peuple, les dollars américains restent rares. Une enquête, effectuée en Avril 2009 auprès de 4000 ménages ruraux, montre qu’un ménage moyen a dépensé à peine 8 $ au cours du mois.
A la campagne, l’argent est si rare que l’hôpital de Chidamoyo continue d’accepter les paiements en nature. Dans cet hôpital de brousse, une institution religieuse financée par des dons occidentaux, la consultation ne coûte qu’ 1 $ (quatre fois moins que dans les hôpitaux publics), mais les paysans n’ont pour la plupart plus accès à l’économie monétaire. « C’est très difficile d’obtenir ce fameux dollar, dont tout le monde parle », explique Esther Chirasasa, 30 ans, qui souffre d’arthrite. Son fils, 13 ans, est venu avec elle, un sac d’arachide sur la tête. Ses réserves de maïs seront bientôt épuisées, et il lui faut se rétablir au plus vite pour gagner dans les fermes environnantes de quoi nourrir ses six enfants. Comme elle, on estime que 15 % des Zimbabwéens vont dépendre de l’aide alimentaire au cours des prochains mois.
“We literally are providing medical services for peanuts!”, s’exclame Kathy McCarty, l’infirmière américaine en poste depuis 1981. L’hôpital a affiché dans le hall un tableau avec les taux de conversion, où le $ sert seulement comme unité de compte.
Source : Zimbabwe Health Care, Paid With Peanuts (New York Times), avec aussi cette vidéo : Providing Medical Services for Peanuts
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