6 nov. 2006

Criminalité et précipitations en Bavière au 19ème siècle

En étudiant une vieille série statistique bavaroise, trois économistes de l'université d'Oslo ont observé qu'au cours des années 1833 - 1863, la délinquance contre les biens variait en fonction croissante de la pluviométrie (figure 5).

A l'analyse, il y a bien une relation de causalité entre ces deux variables. Mais, dans la chaine causale, la pluviométrie n'est que la "cause première". Quelle est la "cause prochaine" ?

Réponse:

De fortes pluies réduisent la récolte de seigle. Partant, on observe une forte corrélation positive entre la pluviométrie et le prix du seigle (figure 4).


Or, à l'époque, les pauvres consacraient en moyenne 80 % de leurs revenus à l'alimentation, et le seigle constituait l'essentiel de leur diète. Une forte hausse du prix du seigle réduisait fortement leur pouvoir d'achat. Les pauvres étaient alors en plus grand nombre poussés, ou incités, au vol (figure 2).

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La variable cachée est donc le prix du seigle (figure 1), dont dépend le revenu réel des pauvres.
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Curieusement, les mêmes économistes observent une forte corrélation négative entre le prix du seigle et les crimes violents (figure 3).
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Ici, la variable cachée est vraisemblablement la consommation d'alcool ! En effet, le seigle sert aussi à fabriquer la bière, qui représente en temps normal 10 % du budget des pauvres. Quand le prix du seigle s'envole, non seulement, il reste beaucoup moins d'argent pour acheter la bière, mais celle-ci est elle-même beaucoup plus chère. Par la force des choses, les pauvres boivent moins, et les violences liées à l'alcool diminuent en conséquence...

Source: Rainfall, Poverty and Crime in 19th Century Germany, by M. Halvor, E. Miguel and R. Torvik, cité in Freakonomics: The Price of Climate Change, by Steven Levitt & Stephen Dubner (NYT).

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