Je me suis souvent demandé pourquoi les gens faisaient des enfants. Cette question, Eliette Abecassis se l'est posée aussi. Voici sa réponse :
Comme le Bourgeois gentilhomme, ils font de la métaphysique et ils ne le savent pas. Ils font l’acte le plus commun et le plus inouï, qui consiste à reproduire l'humanité, en prenant en charge un petit d'homme. En étant responsables d'un autre, alors qu'ils ne le sont pas d'eux-mêmes. C'est vertigineusement banal. Ils se mettent à la place de Dieu, en toute innocence.
Après mûre réflexion, j'ai noté dans mon carnet quatre bonnes raisons de faire un enfant :
Raison 1 : on s'aime.
Raison 2 : on a voyagé dans tous les pays atteignables.
Raison 2 revient à ce que l'on appelle : la Menace de l'Ennui.
Raison 3 : j'ai passé 30 ans, et à l'approche des 40 ans, j'avais peur de vieillir. C'est la dernière ligne droite.
Raison 3 revient à : la Peur de la Mort.
Résumons. Pourquoi fait-on des enfants ?
Par Amour, par Ennui et par Peur de la Mort. Les trois composantes essentielles de la vie.
Faire un enfant est à la portée de tous, et pourtant peu de futurs parents connaissent la vérité, c'est la fin de la vie.
Eliette Abecassis, Un heureux évènement, Albin Michel, 2005
2 commentaires:
Mauvaise raison n°1
"J'ai souvent repensé à ta remarque, dans Riverside Park, avant que nous devenions des parents : « Au moins, un enfant est une réponse à la Grande Question. »
Pourtant, s'il n'y a aucune raison de vivre sans enfant, comment pouvait-il y en avoir une de vivre avec ? Répondre à la vie en lui faisant succèder une autre vie est un simple transfert des responsabilités sur la génération suivante ; un déplacement qui constitue un report lâche et potentiellement infini. On peut prévoir que la réponse de tes enfants sera de procréer à leur tour, et ce faisant de se soustraire, de se défausser de leur propre vide sur leur descendance."
Lionel Shriver, Il faut qu'on parle de Kevin, Belfond, 2006, pp. 316-317
"Faire un enfant" vs "Donner la vie"?
La mise bas chez les humains est en France si fréquemment assimilée à un "cadeau" qu'une question subsidiaire se pose :
En quoi ce "cadeau" consiste-t-il ?
Une boite de Pandore ? Que l' hédonisme et/ou la peur de mourir puisse faire aimer la vie suffirait-il à occulter que "donner la vie" masque une inhérente "condamnation à mort" ? Avec plus ou moins de souffrances selon les conditions du décès ... bonne chance à vous tou(te)s ! ;o)
A quoi rime donc alors de prétendre que la vie soit un cadeau ?
Force est de constater qu'en miroir sophiste de ce "cadeau" il est d'usage de stipuler une dette implicite : "Devoir la vie à ses parents/géniteurs"
Cela peut suggérer une motivation supplémentaire à "faire des enfant" assez mal assumée, à savoir : la retraite ! Faire des enfants pour assurer ses vieux jours !!!
Egoïsme ou pragmatisme ? peu importe, la vie reprend alors cette couleur "contagieuse" entre les générations qui se la refilent ... si opportunément citée par Cannelle
(éludons rapidement que la notion de "don/cadeau" implique aussi frauduleusement une prétendue "dette" car le sujet n'est pas ici la seule hypocrisie)
Un autre son de cloche fréquemment audible est l'amour non plus "de couple" (Raison 1 relevée par Eliette Abecassis) mais bien des enfants eux-mêmes : "on veut des enfants parce-qu'on aime les enfants"
... Pourtant des enfants il y en a pas mal qui sont déjà là à attendre (en vain ?) cet amour et bon nombre d'entre eux n'a pas de famille ... comment prétendre aimer les enfants et en laisser autant dans le caniveau de la vie, tout en condamnant ceux que l'on rajoute à un avenir à la fortune hypothétique et funeste à coup sûr à plus ou moins brève échéance ?
A cette question deux types de réponses sont le plus fréquemment constatables :
-si c'est un homme qui la pose :
"il ne comprends rien au couple, aux femmes et à leurs besoins naturels, à la force de l'amour qui les travaille ..."
-si c'est une femme qui la pose :
"elle doit être stérile ou égoïste, c'est une martienne ..."
Bref à part le rejet, le discrédit de celui/celle qui pose la question, les réponses (même de motivation prétendument génétique voire héraldique) se font assez rares
Et puis prétendre faire des enfant par amour des enfants permet en outre de ne pas trop se remettre en question si, les enfants grandissant, l'amour se métamorphose aléatoirement ...
Bref :
VIVE LA CONTRACEPTION !
VIVE L'ADOPTION
et en Post Scriptum :
Vive la branlette ;oD
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