28 janv. 2006

Le miracle britannique et le chômage déguisé

Rapportée à la population en âge de travailler, la proportion de chômeurs a baissé de 3.5 points au Royaume-Uni entre 1994 et 2004, contre 1.2 points seulement chez nous (Eurostat). Comment expliquer cette meilleure performance britannique ?

Manifestement, elle ne s’explique pas par la divergence des taux d'emploi entre les deux pays. Sur la période considérée, le taux d’emploi a augmenté de 4 points en France, contre 3,7 points au Royaume-Uni (Eurostat).

Selon Francisco Vergara (Le mythe de la performance britannique, Le Monde, 13 sept. 2005), l’explication tiendrait au transfert d’une partie des chômeurs vers l’inactivité (*). A l’entendre, le taux d’inactivité aurait augmenté au Royaume-Uni (de 1.5 points en dix ans). L’ennui, c’est que ses chiffres courent de 1990 à 2000, quand ses données sur l’emploi et le chômage valent pour la période 1994-2004. Il y a là comme un manque de rigueur...

La vérité est que le taux d’inactivité a légèrement baissé au Royaume-Uni entre 1994 et 2004 (Eurostats) !

Résumons ces trois évolutions dans un tableau (**) :

Evolution du chômage, de l’emploi et de l’inactivité, en France et au Royaume-Uni entre 1994 et 2004 (en points de pop. en âge de travailler)


Bref, il n'y a pas eu d'augmentation du chômage déguisé Outre-Manche. Si le chômage a moins baissé chez nous, malgré des créations d'emplois comparables, c'est simplement que ces dernières ont davantage contribué à dégonfler le nombre des inactifs qu'à réduire le nombre des chômeurs.

Cela dit, les arguties de Francisco Vergara ne doivent pas nous faire oublier l'essentiel : l'accès à l'emploi est beaucoup plus aisé au Royaume-Uni (et aussi en Irlande, en Hollande, ou dans les pays scandinaves) que chez nous. Non seulement ces pays ont des taux de chômage deux fois moins élevés que le nôtre, mais ils ont aussi des taux d'emploi nettement plus élevés (***).

Notes :
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* j’observe que l’auteur et ses semblables ne semblent guère se soucier de connaître notre niveau de chômage déguisé à nous ! Or, d'un dispositif à l'autre (formations bidons, préretraites, maladie longue durée, chômeurs dispensés de recherche d'emploi et autres chômeurs passifs vivant sur les minimas sociaux...), nous avons probablement autant, sinon plus, de chômeurs déguisés ! La différence, c'est que nous ne cherchons pas à connaître ce chiffre gris du chômage...
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** Données complètes collectées sur Eurostat:


*** Cf. pour l'UE, le taux d'emploi des 15-24 ans et celui des 15-64 ans et des 55-64 ans (Insee)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

julia
bonjour
votre blog est si interessant et riche.Bravo

Emploi-anapec
Si vous attendez votre avenir les bras croisés, croisez aussi les doigts !