6 nov. 2005

Le paradoxe du vote


Dans "Freakonomics”, leur excellente chronique mensuelle du New York Times magazine, Stephen J. Dubner et Steven D. Levitt nous font découvrir le monde merveilleux des économistes. Cette semaine, ils rendent compte d’une étude de Mme Patricia Funk, de la Stockholm School of Economics, qui tente de résoudre l’un des problèmes les plus délicats jamais posés aux économistes : le paradoxe du vote.

On trouvera ci-après ma traduction de la chronique de Levitt & Dubner, avec quelques illustrations tirées des études citées (cf. Annexes).

Pourquoi voter ?
Stephen J. Dubner et Steven D. Levitt,
New York Times magazine, 6 Novembre 2005
(traduit par moi)

Dans les départements d’économie de certaines universités, circule une blague célèbre. Deux économistes se rencontrent un dimanche au bureau de vote. « Que faites-vous là ? », demande l’un. « Ma femme m’a forcé », répond l’autre. Le premier économiste acquiesce : “Pareil pour moi”. Passé un moment de gêne, ce dernier arrête un plan: "si vous me promettez de ne jamais dire à personne que vous m'avez vu ici, je ne dirai jamais à personne que je vous ai vu." Là-dessus, ils se serrent la main et s’en vont voter…

Pourquoi un économiste est-il si embarrassé d’être vu au bureau de vote ? L'économie enseigne que voter est un acte coûteux – en termes de temps, d’effort, de productivité sacrifiés – qui ne rapporte pas grand-chose, si ce n’est peut-être la vague satisfaction d’avoir accompli son "devoir civique." Dans ces conditions, écrit l'économiste Patricia Funk dans un papier récent, "tout individu rationnel devrait s'abstenir de voter."

La probabilité que votre voix affecte réellement le résultat d'une élection est en effet très, très, très mince. Ce point a été bien documenté par les économistes Casey Mulligan et Charles Hunter, qui ont analysé plus de 56 000 élections au Congrès et aux assemblées d’Etat. Les médias ont beau se passionner pour les élections serrées, celles-ci sont excessivement rares. L’écart médian entre le vainqueur et son challenger lors des élections au Congrès ressort à 22 % ; il est de 25 % dans les élections d’Etat. Il est rarissime que le résultat se joue à une voix. Le cas s’est présenté à sept reprises en 40 000 élections aux assemblées d'Etat, et une fois seulement lors des 16 000 élections au Congrès – en 1910, à Buffalo. Cf. Annexe 1.

Mais il faut aussi prendre en compte le fait capital que plus une élection est serrée, et plus elle a tendance à se jouer devant les tribunaux – l’exemple le plus saisissant étant naturellement l’élection présidentielle en 2000. Il est vrai que le résultat de cette élection a tenu à une poignée de voix, mais il s'agit de celles des juges Kennedy, O'Connor, Rehnquist, Scalia et Thomas, qui ont fait penché la balance en faveur de G. Bush.

Et pourtant, les gens votent. Pourquoi ?

Trois possibilités viennent à l'esprit:

1. Peut-être ne sommes-nous pas très intelligents, et croyons-nous, incorrectement, que notre voix peut décider du sort d’une élection.

2. Peut-être votons-nous comme nous jouons au loto. Après tout, nos chances de gagner au loto et de faire basculer une élection sont probablement assez proches. Financièrement, acheter un billet de loterie n'est pas un bon investissement. Mais c’est amusant et relativement bon marché: pour le prix d'un billet, vous achetez le droit d’imaginer tout ce que vous pourriez faire si vous gagniez le gros lot. De même, vous pouvez imaginer, en mettant un bulletin dans l'urne, que cela affectera la politique du pays.

3. Peut-être avons-nous été socialisés dans l'idée que voter est un devoir civique, que c'est une bonne chose pour la société si les gens votent, quand bien même chacun n’aurait rien à y gagner personnellement. Dès lors, nous nous sentirions coupables en n’allant pas voter.

Mais attendez une minute, dites-vous. Si chacun raisonnait comme les économistes, il n’y aurait plus d’élection du tout…

Nous sommes là en effet en terrain glissant. Un comportement individuel, apparemment anodin, peut, par effet d’agrégation, produire des effets désastreux. Pour donner un exemple comparable, imaginez que vous et votre fille de huit ans vous promeniez au jardin botanique et, qu’à un moment, elle cueille une jolie fleur. "Tu ne devrais pas faire ça," lui dites-vous.

- "Pourquoi pas?", demande-t-elle.

- "Et bien, parce que si chacun faisait comme toi, il n'y aurait plus de fleurs du tout."

- "Ouais, mais tout le monde ne cueille pas de fleurs," dit-elle avec un regard en coin. "Juste moi..."

Il fut un temps où, pour convaincre les électeurs d’aller voter, les grands partis recouraient à des incitations plus pragmatiques. Ils rétribuaient 5 à 10 $ le fait d’avoir bien voté. Parfois le paiement avait lieu en nature, sous la forme d’une dame-jeanne de whiskey, d’un baril de farine, voire, comme pour les élections de 1890 dans le New Hampshire, un cochon vivant !

Aujourd'hui comme alors, on se préoccupe du faible taux de participation – à peine plus d’un électeur sur deux a participé à la dernière élection présidentielle. Mais l'on devrait plutôt se demander pourquoi, sachant que leur voix a si peu d’importance, il se trouve encore tant de gens pour aller voter ?

La réponse se trouve peut-être en Suisse. C'est là que Patricia Funk a découvert une expérience naturelle merveilleuse qui nous permet de mieux comprendre le comportement des électeurs.

Les Suisses adorent voter - aux élections législatives, aux référendums, à tout propos… Mais la participation a, là-bas aussi, commencé à décliner. Aussi, une nouvelle formule a été récemment introduite: le vote par courrier. Alors qu’aux Etats-Unis, le citoyen doit faire la démarche de s’inscrire sur les listes électorales, ce n'est pas le cas en Suisse, où chacun reçoit automatiquement un bulletin de vote par courrier -- qu’il n’a plus alors qu’à compléter et retourner par la poste.

Pour le scientifique, ce nouveau système est une aubaine: comme il a été introduit dans les 26 cantons suisses à des moments différents, on peut procéder à une analyse sophistiquée de ses effets sur la participation.

Avec le nouveau système, l’électeur suisse n’a plus besoin de se rendre au bureau de vote par mauvais temps, et le coût du vote a significativement baissé. On pourrait donc s’attendre à ce que le taux de participation ait augmenté. Or ce n’est pas ce qui s'est produit.

En fait, le taux de participation a souvent diminué, particulièrement dans les cantons les moins peuplés et dans les villages les plus petits de chaque canton. Voilà qui devrait faire réfléchir les partisans du vote par Internet, censé devoir faciliter le vote et donc stimuler la participation. L'exemple suisse indique qu’il n’en va pas nécessairement ainsi.

Comment est-ce possible ? Pourquoi les gens voteraient-ils moins quand le coût du vote diminue ?

Pour le comprendre, il nous faut revenir aux incitations derrière le vote. Si un vote individuel est sans effet sur le sort d’une élection, pourquoi voter ? En Suisse, comme aux Etats-Unis, nous dit Funk, "il existe une norme sociale assez forte en vertu de laquelle un bon citoyen doit voter. Aussi longtemps qu’il doit pour cela se déplacer jusqu’au bureau de vote, il est incité à voter afin que chacun voit bien qu'il a voté. Entrent ici en jeu le souci de l'estime sociale, le désir de passer pour un bon citoyen, ou simplement d’éviter certaines sanctions informelles. Ces bénéfices de l'adhésion aux normes sociales sont particulièrement élevés dans les petites communautés -- où les gens se connaissent mieux et peuvent davantage s’adonner au commérage discriminatoire." Cf. Annexe 2

En d'autres termes, nous votons par intérêt personnel - une conclusion qui satisfera les économistes - mais pas nécessairement le même type d’intérêt que celui qui décide du choix d'un candidat plutôt qu’un autre… L'étude suisse suggère que, s’agissant du vote, les incitations sociales importent davantage que les incitations monétaires. Il se pourrait bien que le principal bénéfice attendu du vote tienne simplement au fait d’être vu au bureau de vote par vos amis et vos collègues.

A moins, bien sûr, que vous soyez économiste...

Annexe 1 - L'impact d'une voix sur le sort d'une élection

Congrès

Nombre d’élections : 16 577
Période étudiée : 1898-1992
Ecart médian en voix : 18 021
Ecart médian en % : 22
Suffrages exprimés, en moyenne : 111 370
NB : Elections avec un candidat unique (exclues du panel) : 3 221

Etat

Nombre d’élections : 40 036
Période étudiée : 1968-1989
Ecart médian en voix : 3 257
Ecart médian en % : 25
Suffrages exprimés, en moyenne : 23 658
NB : Elections avec un candidat unique (exclues du panel) : 11 226

Dans les élections au Congrès, la probabilité qu’une voix soit décisive se situe entre 2 pour 10 000 et 3 pour 1 000 000 selon la taille de la circonscription. Dans les élections d’Etat, la probabilité qu’une voix soit décisive se situe entre 2,5 pour 1 000 et 2 pour 100 000 selon la taille de la circonscription.


Source : "The Empirical Frequency of a Pivotal Vote," by Casey B. Mulligan and Charles G. Hunter, 2000 : http://www.freakonomics.com/MulliganPivotalVote.pdf

x

Annexe 3 - Le poids des normes sociales dans la décision de voter

On doit à Anthony Downs la théorie de l’électeur rationnel. Dans son modèle, le gain net de la participation est égal à pB − C, où p représente la probabilité de faire basculer l’élection et B le bénéfice net qu’en retire l’individu (la différence entre la situation où son favori l’emporterait et celle où il perdrait). Comme p est proche de zéro, le bénéfice espéré du vote est également proche de zéro, et définitivement inférieur à C, le coût de la participation. D’où la prédiction: "un individu rationnel devrait s'abstenir de voter." Et pourtant les gens votent.

De façon générale, les économistes ont cherché à résoudre le paradoxe de vote, en s'écartant du cadre standard de la maximisation de l’utilité, ou en supposant, comme Downs, que l’acte de voter apporte à l’individu certaines satisfactions non matérielles, en particulier la satisfaction de contribuer au fonctionnement de la démocratie et d'accomplir son devoir civique. Ce type de satisfaction présuppose l’existence d’une norme sociale, que certains individus auraient intériorisée, en vertu de laquelle un bon citoyen doit voter. De fait, les enquêtes confirment que les citoyens avec une conscience civique forte votent davantage.

Mais si la littérature sur le paradoxe du vote intègre à présent les bienfaits de l’expression civique (“expressive benefits”) pour les citoyens consciencieux, l'impact de la pression sociale ou des récompenses sociales sur les citoyens moins consciencieux a été largement ignoré.

La thèse pionnière de Patricia Funk est que certaines personnes vont voter pour qu’on les voit voter. Il s’agit pour eux d'échapper à des sanctions sociales ou d'obtenir les récompenses sociales -- ces bienfaits externes de l’adhésion aux normes dépendant de la visibilité du vote, Funk les appelle des bienfaits de signalement (signaling benefits).

Son modèle peut être brièvement décrit comme suit. Dans chaque communauté, on rencontre deux types d'individus : certains plutôt enclins à la coopération (les cooperators) et d’autres plutôt enclin à la défection (les defectors). Les premiers ont intériorisé la norme sociale du vote et trouvent une certaine satisfaction dans l'accomplissement de leur devoir civique. Les seconds sont seulement motivés par la perspective de récolter les bienfaits de signalement. Comme ces derniers sont plus élevés dans les petites communautés, où l’interraction sociale est plus forte, on observe une relation négative entre la participation et la taille de la communauté.

Dans ces conditions, l'introduction du vote postal devrait produire deux effets, de sens contraire, sur la participation: il réduit les coûts de la participation, ce qui renforce l’incitation à voter, mais il réduit aussi l’effet de signalement et, partant, l’incitation à voter. Dans les grandes communautés, il est probable que le premier effet prime et la participation devrait augmenter. Dans une petite communauté, le deuxième effet sera sans doute beaucoup plus sensible, et la participation pourrait baisser. C’est effectivement ce que l’on constate.

Le canton de Zurich comprend 171 communautés, dont plus de 20 % avec moins de 1000 habitants. Ce Canton ayant introduit le vote postal en 1994, il est intéressant de comparer la participation aux élections précédentes (en 1991) et aux élections suivantes (en 1995). La confrontation des deux graphiques ci-après fait clairement apparaître une baisse du taux de participation dans les petites communautés (comparez les deux graphs).

Source: "Theory and Evidence on the Role of Social Norms in Voting," by Patricia Funk: http://www.freakonomics.com/FunkVoting.pdf

1 commentaire:

Anonyme a dit…

En complément, voici un texte (tronqué) de Raymond BOUDON : Le « paradoxe du vote » et la théorie de la rationalité, Revue française de sociologie, 1997, 217-227

------------

Selon la conception de la rationalité développée par l’économie néo-classique, l’acteur social se décide au vu de la comparaison entre les coûts et les avantages des lignes d’action qui lui sont ouvertes. Cette rationalité - que l’on conviendra de qualifier de rationalité de type R1 -joue un rôle essentiel dans les sciences sociales. Elle apparaît pertinente lorsque les acteurs sociaux sont effectivement invités par le contexte à agir en fonction de leur intérêt et qu’ils disposent des informations essentielles pour agir en connaissance de cause.

La sociologie la plus classique impute souvent aux acteurs sociaux une rationalité de type R1. Par exemple, Tocqueville s’interroge dans L’Ancien Régime sur une différence macroscopique entre la France et l’Angleterre à la fin du 18ème siècle. Bien que les physiocrates soient alors fort influents, l’agriculture française stagne, alors que, dans le même temps, l’agriculture anglaise se modernise rapidement. Cela est dû, explique Tocqueville, à l’absentéisme des propriétaires fonciers français, lequel résulte de la centralisation administrative : en France, occuper une charge royale est plus facile qu’en Angleterre, parce que ces charges sont plus nombreuses et par suite plus accessibles ; en outre, elles confèrent à ceux qui les occupent un supplément de pouvoir, d’influence et de prestige. En Angleterre, les charges officielles sont moins nombreuses et moins prestigieuses : le pouvoir local y étant beaucoup plus indépendant du pouvoir central qu’en France, la vie locale offre toutes sortes d’opportunités aux ambitieux. Le propriétaire foncier anglais est donc beaucoup moins incité à quitter ses terres pour aller à la capitale servir le roi que ne l’est son homologue français.

Les propriétaires fonciers de Tocqueville sont bien dans une situation qui les invite à décider en toute autonomie de leur intérêt, à raisonner en termes de coûts et d’avantages, et où de surcroît les informations nécessaires à la prise de décision leur sont facilement accessibles : ils connaissent le prix des charges et les avantages qui s’y attachent. Ce n’est donc pas un hasard si Tocqueville prête instinctivement à ses acteurs une rationalité de type R1.

Les discussions relatives au « paradoxe du vote » ne peuvent être comprises que dans le contexte de cette discussion générale sur la rationalité. Si l’on prend la rationalité R1 au sérieux, nous dit ce « paradoxe », on ne comprend pas pourquoi les gens votent : puisque mon vote n’a qu’une chance pratiquement nulle d’influencer le résultat d’une consultation populaire, pourquoi voterais-je plutôt que de me consacrer à des activités plus efficaces ? Pourtant, les gens votent. Le « paradoxe du vote » a finalement pris le statut d’une pierre d’achoppement pour la théorie de la rationalité de type R1.

Ferejohn et Fiorina ont proposé une solution qui évoque le pari de Pascal : même dans l’hypothèse où l’existence de Dieu serait très improbable, mieux vaut parier qu’il existe, car mes regrets seraient immenses s’il existait et si j’avais fait le mauvais choix ; même si mon vote a fort peu de chance d’être décisif, j’aurais des regrets si grands s’il s’avérait l’être, que je vote par précaution, d’autant plus facilement que les « coûts » du vote sont faibles. Le vote devrait donc être analysé comme une assurance peu onéreuse contractée par le sujet pour couvrir des risques très improbables, mais aux enjeux considérables.

On repère effectivement dans la vie courante des risques dont la nature est telle qu’ils incitent l’acteur social à une réponse de type « pari de Pascal ». Les incendies étant rares, le coût pour l’individu de l’assurance-incendie est faible, mais l’enjeu considérable. On a bien ici une structure de pari de Pascal : coût faible de l’assurance, regrets intenses si l’assurance n’a pas été contractée et si l’accident survient.

La difficulté de l’explication proposée est toutefois que, dans le cas du vote, le risque d’être exposé à des regrets est inexistant, puisque la probabilité pour qu’une voix quelconque soit décisive est pratiquement nulle. Or un nombre considérable de gens votent, même dans le cas où ils ont l’impression que les candidats en présence, soit ne se distinguent guère entre eux, soit sont peu attrayants. L’explication de Ferejohn et Fiorina est donc brillante, mais peu convaincante. D’ailleurs, si l’argument du « pari de Pascal » est susceptible d’ébranler le libertin, personne n’a sérieusement soutenu qu’il puisse expliquer le phénomène de la croyance en Dieu.

[En vérité,] Les gens votent parce qu’ils estiment qu’ils doivent voter. Et ils croient qu’ils doivent voter parce qu’ils ont des raisons fortes de le croire, ces raisons n’étant pas de celles qu’envisage la rationalité instrumentale.

À ce point, je suis en mesure de justifier les guillemets que j’ai utilisés depuis le début (le « paradoxe du vote»). Ils indiquent que le vote n’est paradoxal que si l’on considère la rationalité instrumentale comme de validité universelle. Si tel n’est pas le cas, si le vote s’explique parce que l’électeur obéit à des raisons facilement compréhensibles, mais qui ne relèvent pas du registre R1, le vote cesse d’être « paradoxal ». Le vote est difficilement explicable dans le cadre des théories de type R1. En revanche, il s’explique facilement si l’on admet que les raisons du sujet social sont de caractère non instrumental et a fortiori non utilitariste.

Sommairement : le sujet a des raisons de croire que la démocratie est un bon régime. Les élections ont pour but de faire que les gouvernants tiennent compte de la volonté du public. Ce résultat n’est pas assuré, mais il est moins improbable que dans les régimes recrutant les élites politiques par d’autres méthodes. Les élections sont donc une bonne chose. Si personne ne votait, cette bonne chose cesserait d’exister. Il faut donc que chacun vote, en principe du moins, car on peut ne pas être en mesure de voter, ne pas savoir pour qui voter, etc. Mon abstention n’aurait aucun effet tangible ; elle serait sans conséquence. Mais en appliquant le principe « il faut voter », je fais ce qui est en mon pouvoir pour que la consultation se déroule normalement. C’est parce que le principe « il faut voter » est fondé sur des raisons solides que j’ai le sentiment que je dois m’y conformer.

En tout cas, le concept de « rationalité axiologique » pose que l’on ne saurait toujours ramener un choix ou une décision à des considérations instrumentales, a fortiori à des considérations utilitaires. La distinction entre « rationalité instrumentale » et « rationalité axiologique » indique en d’autres termes que, dans certains cas, l’action est guidée par des principes plutôt que par les conséquences qu’elle risque d’entraîner. Lorsque l’on considère qu’une chose est bonne, les élections par exemple, on a le sentiment que l’on ne peut sans raison agir en contradiction avec ce principe.