New Yorker 4-25-1942 / CARL ROSE
"Les nouveaux Führers parlent seuls, personne ne peut les contredire, ils parlent devant un parlement fantoche muet comme ils parlent à la radio, ils n'ont à craindre aucune critique de la presse, ils sont totalement effrénés. Ils cherchent sans aucun scrupule à abrutir les masses muettes, ils aspirent à faire de cette multitude d'individus doués d'âme le corps collectif mécanisé qu'ils appellent peuple et qui n'est plus que masse. De cette absence d'entrave et de scrupule résultent la brutalité et la démesure de la rhétorique, la place prédominante de la rhétorique dans la LTI*."
Victor KLEMPERER, 20 juillet 1941, Journal 1933-1945. Seuil 2000 (Tome 1: Mes soldats de papier ; Tome 2: Je témoignerai jusqu'au bout)
* LTI : Lingua Tertii Imperii (la langue du IIIème Reich)
C'était en juillet 41, à Dresde. Dans les mois suivants, "la brutalité et la démesure de la rhétorique" allaient déboucher sur la brutalité et la démesure de la solution finale.
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Puisqu'on reparle du nazisme (c'est le 60ème anniversaire de la fin de la barbarie), je voulais évoquer ici le Journal de Victor Klemperer, l'extraordinaire témoignage d'un Allemand juif sous le IIIème Reich. Malgré la terreur des perquisitions, malgré la faim et le travail forcé, Victor Klemperer a tenu à "témoigner jusqu'au bout". Son journal court sans interruption de janvier 1933 à décembre 1945 : 5000 feuillets écrits au jour le jour, que Frau Klemperer allait mettre à l'abri chez une amie "aryenne". 5000 feuillets, ou les "soldats de papier" d'un honnête homme au temps du nazisme.
Cf. aussi ce CR d'Emmanuel Le Roy Ladurie
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