28 sept. 2005

Le retour des Cassandres

En 1972, le club de Rome publiait son rapport "Les limites de la croissance". Dans la décennie qui suivit, les deux chocs pétroliers et l'envolée concomittante des prix des matières premières semblèrent corroborer les prévisions apocalyptiques du Club. En 1980, donc au pire moment, l'économiste Julian Simon paria néanmoins 1000 $ avec Paul Ehrlich que, dans les dix prochaines années, le prix du pétrole et de cinq métaux augmenteraient moins vite que le salaire moyen d'un travailleur américain. Dix ans après, Ehrlich dut reconnaître qu'il avait perdu son pari...

Aujourd'hui, les Cassandres sont de retour. Ils pavoisent. A les entendre, ils auraient simplement eu raison trente ans trop tôt ! Qu'à cela ne tienne ! John Tierney et Rita Simon (la veuve de Julian) ont parié 5 000 $ avec Matthew Simmons que sa prédiction d'un triplement du prix du pétrole d'ici 2010 ne se réaliserait pas.

Le plus probable selon Tierney est que l'on verra à nouveau les Cie pétrolières investir et prospecter de plus belle, les ménages économiser l'essence et le chauffage, les constructeurs automobiles redoubler d'imagination pour proposer des modèles moins gourmands, les programmes nucléaires et les énergies alternatives se développer un peu partout, etc... L'un dans l'autre, l'offre augmentera, la demande décélèrera et l'équilibre s'établira à un niveau de prix très inférieur aux 200 $ prédits par Simmons et la théorie du peak (popularisée chez nous par l'activiste Yves Cochet).

Bref, deux siècles plus tard, le débat entre Malthus et Condorcet sur les limites de la croissance est plus que jamais d'actualité...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

d'ailleurs, on est en train de s'aviser qu'il y a du pétrole dans le Grand Nord, et pas qu'un peu. Il semble que dans le seul Canada, les gisements estimés soient supérieur au total des réserves prouvées dans le monde. Sans parler de l'Artique :

==> Total se dit prêt à investir 10 milliards de dollars pour exploiter le pétrole extra-lourd du Canada:
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-694581@51-646094,0.html

==> As Polar Ice Turns to Water, Dreams of Treasure Abound (NYT, la fonte de la calotte glaciaire artique a aussi de bons effets économiques) :
http://www.commondreams.org/headlines05/1010-07.htm

Anonyme a dit…

Le club de Rome(ou plutôt le rapport Meadows commandé par le dit club de Rome) en 1972 ne prévoyait aucune catastrophe avant le tiers du 21ième siècle, et ce quelque soit le scénario adopté. Ce qui s'est passé dans les années 70 et 80 ne dit rien quand à la valeur de ses travaux.
Pour ce qui est d'un pic pétrolier proche, la théorie est défendue par des géologues pétroliers, qui sont a priori plus compétent que des économistes pour juger de la chose.