26 oct. 2009

Défection et Prise de Parole

extraits de l'ouvrage d'Albert O. HIRSHMAN, 1970

La détérioration des performances d’une entreprise, d’une organisation, se manifeste en règle générale par une détérioration relative ou absolue de la qualité du bien produit ou du service fourni. Clients, usagers ou adhérents peuvent réagir de deux manières :

1. Certains clients cessent d’acheter l’article produit par la firme (ou certains membres de l’organisation cessent de lui appartenir) : c’est la voie de la défection.

2. Ils expriment leur mécontentement en s’adressant soit à la direction, soit à une autorité qui a prise sur la direction, soit encore à qui veut bien les entendre : c’est la voie de la prise de parole.

La défection relève de l’économie, la prise de parole de la politique. La défection a l’avantage de la netteté - on demeure client ou on cesse de l’être. Il est impersonnel - la confrontation directe du client et du producteur est exclue, ainsi que tous les impondérables qu’elle implique. Il est indirect - le redressement de la firme advient par la grâce d’une main invisible, comme le contrecoup inintentionnel de la décision prise par le consommateur. La prise de parole s’oppose point par point à la défection. C’est une notion beaucoup moins nette qui admet une multitude de degrés, du ronchonnement à peine perceptible à la récrimination violente. Elle repose sur la formulation de critiques expresses et non sur la décision privée prise par l’acheteur dans l’anonymat d’un supermarché. Elle est directe plutôt qu’indirecte. La prise de parole, c’est l’action politique par excellence.

LA DÉFECTION (EXIT)

Beaucoup d’économistes considèrent la défection comme la seule action efficace du consommateur : ils estiment qu’en infligeant une perte de revenu aux chefs d’entreprise défaillants, elle causera cette « merveilleuse concentration de l’esprit » à laquelle conduit, selon Samuel Johnson, la perspective de la pendaison.

Le consommateur qui, mécontent du produit d’une firme, se tourne vers le produit d’une autre utilise le marché pour défendre son bien-être et améliorer sa position ; du même coup, il déclenche les forces du marché qui peuvent amener la firme à redresser le niveau de performance qu’elle avait laissé fléchir. De même, quand une société commence à donner des signes de défaillance, la réaction immédiate des actionnaires bien informés est de suivre l’adage : « si la direction d’une firme ne vous plaît pas, vendez ». La chute des cours qui s’en suit oblige les dirigeants à réagir sauf à s’exposer à quelque OPA inamicale, avec changement de direction à la clef.

Mais le jeu combiné de la défection et de la concurrence peut n’avoir d’autre effet que d’amener les firmes rivales à s’arracher les unes aux autres leur clientèle respective ; elle n’est plus alors qu’un gaspillage d’énergie et une manoeuvre de diversion, empêchant les consommateurs de militer pour obtenir une amélioration des produits ou les entraînant à user leurs forces dans la recherche vaine du produit idéal.

A preuve cet échantillon de lettres adressées par les propriétaires de voitures défectueuses : a) à la société Ford : « Quoi que vous me disiez dans la lettre d'excuses habituelle en de tels cas, vous pouvez être certain que je n'achèterai plus jamais de Ford »... « Inutile de vous dire que ma Falcon est le dernier modèle de Ford que j'envisagerais d'acheter. J’ai épuisé mon compte en banque à remplacer à plusieurs reprises la transmission de ma Falcon ; j'estime qu'il y a quand même des façons plus agréables de dépenser son argent » ; b) à General Motors : « Nous avons une camionnette Chevrolet. Soyez sûr qu'après tous les ennuis que j'ai eus et tout le temps que j'ai perdu, je ne suis pas près de racheter un modèle de General Motors. »... « Depuis des années, je conduis une conduite intérieure et un break GM, mais j'ai l'impression que Ford fait mieux les choses. Je vais essayer de m'accommoder du "loup" dont j'ai hérité jusqu'à la sortie des modèles 70, mais soyez certain qu'on ne verra plus de G.M. devant ma porte. »

Il saute aux yeux que la rivalité des organisations politiques a souvent été décrite dans les mêmes termes. Les critiques radicaux des sociétés dotées d’un système stable de partis ont fréquemment dénoncé la concurrence des partis dominants en arguant du fait qu’elle n’offre pas à l’électorat de choix véritable.

LA PRISE DE PAROLE (VOICE)

Le client d’une firme ou le membre d’une organisation, en recourant à la prise de parole plutôt qu’à la défection, cherche à modifier l’orientation, la production ou les manières de faire de la firme ou de l’organisation considérée. Répond donc à la définition de la prise de parole toute tentative visant à modifier un état de fait jugé insatisfaisant, que ce soit en adressant des pétitions individuelles ou collectives à la direction en place, en faisant appel à une instance supérieure ayant barre sur la direction ou en ayant recours à divers types d’action ayant pour but de mobiliser l’opinion publique.

La décision de faire défection est fréquemment subordonnée à un jugement porté sur la possibilité d’utiliser efficacement la prise de parole. Si les clients ont de bonnes raisons de croire que leurs récriminations aboutiront à un résultat, il se peut fort bien qu’ils renoncent temporairement à faire défection. D’où il ressort que la propension à faire défection est subordonnée au fait que les clients ont la possibilité et la volonté de faire entendre leur voix.

Faire défection, c’est perdre la possibilité de prendre la parole, mais l’inverse n’est pas vrai ; aussi la défection sera-t-elle dans certains cas la solution adoptée en dernier recours, lorsque l’échec de la prise de parole est devenu certain. Il apparaît donc que la prise de parole peut se substituer à la défection.

LE CAS DU MONOPOLE INDOLENT

J’ai tenté d’expliquer ailleurs pourquoi les chemins de fer nigérians avaient tant de peine à faire face à la concurrence des transports routiers, même lorsqu’il s’agissait de transporter sur une longue distance des produits pondéreux comme les arachides, cultivées dans le nord du Nigeria, à plus de mille km de Port Harcourt.

Comme les transports peuvent être assurés par camion ou par autobus, les insuffisances des services ferroviaires sont beaucoup moins vivement ressenties qu'elles ne le seraient si les chemins de fer détenaient le monopole du transport à longue distance. Elles peuvent subsister longtemps avant que les revendications des usagers ne forcent les pouvoirs publics à envisager les réformes de l'administration et de la direction qui seraient nécessaires, mais qui risquent de soulever des questions politiques plus ou moins explosives. La défection n'avait pas l'effet d'avertissement qu'elle a d'ordinaire, car la direction ne se préoccupait pas outre mesure des pertes de revenu ; la prise de parole ne fonctionnait pas, car les clients les plus insatisfaits, qui auraient eu le plus de raisons de protester, étaient les premiers à abandonner les chemins de fer pour s'adresser aux transports routiers. C'est sans doute ainsi qu'il faut expliquer le fait surprenant que les entreprises publiques manifestent leurs plus grandes faiblesses dans les secteurs où elles sont affrontées à la concurrence, comme les transports et l'enseignement.

Supposons qu’à un certain moment, pour une raison quelconque, les écoles publiques se mettent à dispenser un enseignement de moindre qualité. Les parents qui sont attentifs à la qualité de l’enseignement seront de plus en plus nombreux à envoyer leurs enfants dans les écoles privées. Leur défection incitera peut-être les écoles publiques à chercher quelque remède à leurs défaillances, mais cet effet positif sera amplement contrebalancé par le fait que les écoles publiques seront « privées des clients » qui auraient été les plus ardents à combattre la baisse de qualité.

PRISE DE PAROLE, DEFECTION ET ASCENSION SOCIALE

L’homme qui, partant du bas de l’échelle sociale, réussit à s’élever doit nécessairement abandonner son groupe d’origine derrière lui ; lorsqu’il accède à un niveau social supérieur, il emmène sa famille avec lui, mais rompt pratiquement toutes ses relations. De fait, sa réussite se trouve symbolisée et consacrée par une succession de déplacements physiques, du quartier pauvre où il a grandi jusqu’aux « beaux quartiers ».

Le mouvement du « Black Power » rejette cette forme de mobilité sociale. Selon l’un de ses porte-parole : "L’intégration, surtout sous la forme symbolique qu’elle a revêtue jusqu’ici, assure l’ascension sociale de quelques membres isolés du groupe, mais, paradoxalement, en détachant du groupe nombre de ses membres les plus brillants sans que le sort de tous en soit modifié, elle affaiblit les énergies collectives que le groupe aurait pu sans cela rassembler".

Ainsi, l’ascension sociale des quelques membres les plus doués de la classe inférieure contribue à renforcer le pouvoir de la classe dominante plus sûrement que ne pourrait le faire une séparation stricte des deux groupes.

En Bolivie, Richard Patch a comparé l’évolution individuelle des Indiens à la promotion collective que, selon lui, la révolution a rendue possible : "L’Indien des Andes, pour réaliser son ascension sociale, cherche à devenir un mestizo ; pour ce faire, il quitte les hauts plateaux où réside sa communauté de naissance, rejette son héritage culturel indien et acquiert les symboles qui marquent le statut social du mestizo. Mais une fois qu’il est parvenu à son but, l’Indien n’est jamais qu’un cholo, membre d’une minorité méprisée dans un monde dominé par les hautes classes urbaines auxquelles il ne saurait aspirer...En revanche, dans les communautés indiennes de Bolivie, les membres du groupe progressent tous au même pas et rares sont ceux qui cherchent à se singulariser. Bien peu sont tentés de s’éloigner physiquement de la communauté ou de rejeter les comportements typiquement indiens. Au contraire, chacun se sent partie prenante d’une évolution culturelle vraiment collective... Nul ne se presse d’acquérir les symboles d’un nouveau statut social, car chacun est conscient du ridicule qu’il y a à porter cravate quand on ne sait même pas parler espagnol."

DEFECTION, PRISE DE PAROLE ET INEGALITE

Les situations que je viens d’évoquer sont toutes caractérisées par un trait essentiel, qui est particulièrement manifeste dans le cas de la concurrence entre l’école publique et l’école privée : les clients qui sont les plus attentifs à la qualité, donc ceux qui seraient susceptibles de prendre la parole avec le plus de vigueur et de pertinence, sont ceux-là mêmes qui risquent d’être les premiers à faire défection en cas de défaillance.

C’est ce qu’on observe dans le domaine du logement. Quand le climat général d’un quartier se détériore, les habitants les plus attachés à ce qui faisait l’agrément de leur lieu de résidence : propreté, sécurité, bonne réputation des écoles, etc., seront les premiers à déménager, privant ainsi de leur appui les groupes ou les associations de quartier qui s’efforcent d’arrêter et de renverser la vague de détérioration.

Il apparaît en outre que la rapidité de la défection chez les consommateurs les plus exigeants - défection qui compromet la prise de parole en la privant de ses agents les plus actifs - est fonction de la présence sur le marché de produits de remplacement de qualité et de prix supérieurs. Si nous reprenons le cas des établissements scolaires, nous voyons que l’école publique, moins chère, est nettement désavantagée par rapport à l’école privée. En premier lieu, si la qualité de l’enseignement vient à s’y détériorer, les parents les plus exigeants, qui auraient sans doute été les premiers à combattre la détérioration, en retireront leurs enfants ; en second lieu, s’il arrive par la suite que la qualité de l’enseignement décline à son tour dans les écoles privées, ils seront moins prompts à faire défection. Quand donc l’école publique et l’école privée coexistent et que cette dernière dispense un enseignement de meilleure qualité, c’est dans l’école privée qu’il y a le plus de chances de voir les parents mener de l’intérieur un vigoureux combat pour s’opposer à la moindre défaillance.

Etant donné que le meilleur moyen de s’opposer à la dégradation des services considérés est de recourir à la prise de parole et que celle-ci s’exerce davantage aux niveaux de qualité les plus élevés, l’écart qualitatif entre les niveaux de vie supérieurs et les niveaux intermédiaires et inférieurs tendra à s’accroître.

LA PRISE DE PAROLE ET LE MODELE DE HOTTELING

L’hypothèse de départ est que les clients, ou les électeurs dans la variante politique du modèle, sont également répartis le long d’une ligne allant de A à B (ou de la gauche à la droite) ; deux supermarchés (ou deux partis) se sont partagé ce domaine linéaire en se plaçant chacun au centre de l’une des deux moitiés de la ligne. Du point de vue social, c’est la disposition idéale, car elle réduit au minimum les frais de déplacement des consommateurs. Dans la version politique du modèle, la disposition adoptée offre des avantages analogues : la distance idéologique entre les électeurs et les partis, et donc le mécontentement des citoyens à l’égard des programmes et des prises de positions des partis, sont réduits au minimum.

Supposons maintenant que l’un des supermarchés (ou des partis), celui qui se trouve sur la gauche, a la faculté de se déplacer le long de la ligne sans pour autant augmenter ses frais, alors que l’autre, pour une raison quelconque, est cloué sur place. Dans ces conditions, le commerçant désireux d’accroître ses bénéfices ou le parti qui cherche à gagner des voix tendront à se déplacer vers la droite. En effet, tant qu’ils prennent soin de demeurer à la gauche de leur concurrent, ils conservent le contrôle des clients ou des électeurs situés à l’extrême gauche et peuvent en arracher quelques-uns à leur concurrent en s’avançant sur son territoire.

Il découle de là deux conclusions importantes : 1) dans l’hypothèse d’un duopole, les deux firmes tendront à se rapprocher du centre de la ligne ; 2) la recherche du profit aboutit à des coûts sociaux supplémentaires puisque, si l’on tient compte des frais de transport des consommateurs, le prix d’achat des produits sera plus élevé que si les supermarchés étaient demeurés à leur emplacement initial. De manière analogue, on peut sans doute affirmer à la fois que les deux protagonistes d’un système politique bipartite tendront à se rapprocher constamment l’un de l’autre et qu’une telle tendance est socialement néfaste.

Quand, à la suite de la grande dépression et du New Deal, les différences idéologiques entre le parti démocrate et le parti républicain se sont accentuées, on a cherché à adapter le modèle aux événements. On a fait observer que si la demande est élastique, le parti qui se déplace vers le centre perd la partie de sa clientèle située à l’extrémité de la ligne, ce qui a pour effet de freiner la tendance centripète qui caractérisait le modèle primitif. Anthony Downs réhabilitait le modèle en remettant en question l’hypothèse selon laquelle les électeurs seraient également répartis tout au long de la ligne représentant l’éventail des opinions politiques. Si la densité des électeurs marque un maximum vers le centre de la ligne (où se situent les partisans du « juste milieu ») et diminue au fur et à mesure que l’on se rapproche des extrêmes, on retrouve bien la tendance des partis à dériver vers le centre.

Mais en choisissant Goldwater pour candidat à la présidence en 1964, le parti républicain s’est montré fort peu empressé de se conformer au scénario mis au point par Hotelling et par Downs.

Dans un article très fouillé, trois spécialistes ont tenté d’établir les raisons pour lesquelles le parti républicain a pris une décision qui, incontestablement, lui a fait perdre des voix. Ils ont concentré leur attention sur l’aile droite du parti et montré que celle-ci a fait preuve d’une activité bien plus grande que les éléments centristes. Mesurant l’intensité de l’activité politique d’après le nombre de lettres adressées à la presse et aux personnalités en place, ils ont découvert que les républicains de droite, qui n’avaient pas d’autre issue, en ont envoyé un nombre tout à fait hors de proportion avec leur importance relative au sein du parti.

Ainsi, dans un système bipartite, les partis n’agiront pas toujours nécessairement selon le modèle Hotelling-Downs en raison de l’influence que sont susceptibles d’exercer « ceux qui n’ont aucune porte de sortie ». Un coup de barre en direction du centre, qui mécontente les militants les plus attachés au parti, suscitera davantage de résistance qu’un retour à des positions plus tranchées qui risque pourtant d’entraîner la défection des tièdes.

LA DEFECTION ET LE CAS DES BIENS COLLECTIFS

Dans la théorie classique, l’abstention d’un acheteur entraîne un abaissement des prix ou une amélioration de la qualité. Dans le cas présent, au contraire, l’abstention de l’« acheteur » aboutit à un déclin de la qualité. C’est qu’en réalité l’« acheteur » est devenu un membre du groupe et qu’à ce titre, il exerce une influence aussi bien sur l’offre que sur la demande, sur la production que sur la consommation. Si donc, comme on peut s’y attendre, ce sont les membres les plus exigeants en matière de qualité qui exercent une influence déterminante sur le niveau qualitatif de la « production », le moindre fléchissement de la qualité risque de déclencher leur défection qui entraînera à son tour une nouvelle dégradation, qui déclenchera de nouvelles défections, et ainsi de suite.

Dans une telle situation, la seule chose qui puisse stopper la course à l’abîme, c’est que les membres de l’organisation, prenant conscience des conséquences désastreuses que pourrait avoir leur acte, renoncent à faire défection. Mais quelles sont les raisons qui peuvent conduire quelqu’un à porter intérêt à une organisation au point de se refuser à la quitter par crainte de la chute de qualité qu’entraînerait son départ ?

La distinction entre biens collectifs et biens privés, qui est familière aux économistes, permet d’éclairer notre sujet. On appelle biens collectifs les biens dont tous les membres d’une collectivité bénéficient sur un pied d’égalité. A titre d’exemple, on cite généralement la prévention du crime, la défense nationale, le prestige international, le niveau de scolarisation ou le niveau sanitaire du pays. Ces biens se caractérisent non seulement par le fait que tous peuvent en bénéficier, mais aussi par le fait que nul ne peut s’abstenir d’en bénéficier, à moins d’abandonner la collectivité qui les fournit.

Lorsqu’il s’agit de biens privés, la défection met un terme à la relation entre l’acheteur ou le membre et l’organisation qu’il quitte. Dans le cas des biens collectifs, au contraire, il est impossible de rompre toute relation avec l’organisation que l’on quitte. Nul ne peut cesser de « consommer « le « produit » incriminé ou du moins échapper aux effets sociaux qu’il engendre. Dans ces conditions, celui qui fait défection aura un intérêt personnel à ce que son acte contribue à l’amélioration de l’organisation qu’il quitte. La défection équivaut en ce cas à une démission en signe de protestation, à la décision de dénoncer et de combattre l’organisation de l’extérieur plutôt que de tenter de la faire évoluer de l’intérieur. En d’autres termes, le choix entre la prise de parole et la défection se transforme en un choix entre deux formes de prise de parole, l’une qui s’exerce de l’intérieur, l’autre qui s’effectue de l’extérieur (après la défection). La décision du sujet repose sur la réponse qu’il donne à une question radicalement nouvelle : à partir de quand devient-il plus efficace (abstraction faite de toute considération personnelle) de combattre de l’extérieur une politique erronée que de poursuivre une action pour tenter de la modifier de l’intérieur ?

« Dire ce qu'on a sur le coeur, c'est perdre son influence ; prière et supplication deviennent alors impuissantes ! Je préfère rester en place pour agir de l'intérieur et, par mes critiques, infléchir le cours d'entreprises néfastes. Quitter le club ! Etre au-dehors à regarder ! Extériorité, terre lointaine dont peu de pèlerins sont à ce jour revenus. J'ai peur de rompre ; c'est de l'intérieur que j'exercerai mon action ». B. Garson, Macbird ! (1966).

Le comportement de celui qui reste en place peut s'inspirer de motivations si diverses que l'opportunisme a le champ libre pour s'insinuer partout en se dissimulant sous le masque du dévouement à la cause publique, quand ce n'est pas sous celui du martyre. Le pouvoir corrompt, et l'influence, même minime, corrompt immensément.

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