De janvier 2008 à avril 2009, 454 000 américains de 18 ans et plus ont été interrogés par téléphone (y compris téléphone portable) par l’institut Gallup dans le cadre du projet Healthways. Chaque répondant a été questionné sur sa taille, son revenu, son genre, son âge, son niveau d’étude et la satisfaction par rapport à sa vie. Pour évaluer son niveau de satisfaction, on lui a demandé d’imaginer une échelle graduée de 0 à 10, sur laquelle le niveau 0 représenterait « la pire vie possible pour vous » et le niveau 10 « la meilleure vie possible pour vous », puis de situer sa vie actuelle sur cette échelle. Dans « Life at the top: the benefits of height » (pdf), Angus Deaton & Raksha Arora analysent les principaux résultats de l’enquête.
Ces derniers font apparaître une corrélation étonnante entre la taille et le niveau de satisfaction par rapport à la vie, en particulier pour les hommes (nb : les résultats sont contrôlés selon l’âge) :
A l’analyse, il apparaît que l’essentiel de la relation (plus de 80 %) s’explique par l’effet du revenu et de l’éducation. Les grands sont en moyenne plus satisfaits de leur vie, mais ils sont aussi en moyenne plus riches et plus éduqués :
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nb : Les deux groupes du bas ne doivent pas être pris très au sérieux, dans la mesure où le fait de disposer actuellement de moins de 60 $ par mois est soit peu crédible, soit parfaitement compatible avec l’hypothèse d’un revenu permanent plus élevé ou d’un patrimoine important (eg, les indépendants qui traversent actuellement une mauvaise passe). Au-delà de ces deux groupes, la relation entre la taille et le revenu est très forte, surtout chez les hommes.
La relation est plus nette encore avec le niveau d’éducation (une variable moins sujette à des biais de renseignement ou à des fluctuations conjoncturelles) :
Pourquoi les grands sont-ils plus riches et plus éduqués que les petits ? Une réponse plausible a été récemment apportée par Anne Case et Christina Paxson, dans un article du J. of Political Economy (Stature and Status, 2008) : les grands sont plus susceptibles que les petits d’avoir atteint leur potentiel cognitif. Des enfants bien nourris, en bonne santé ont plus de chances que des enfants mal nourris et en mauvaise santé d’atteindre à l’adolescence leur plein potentiel physique. Mais, indépendamment de la taille des parents, certains enfants n’atteindront pas leur taille potentielle, en raison d’une mauvaise alimentation ou des maladies. Dans la mesure où existe une corrélation marquée entre le développement physique et le développement cognitif, les enfants qui n’atteignent pas leur plein potentiel physique risquent aussi de ne pas atteindre leur plein potentiel cognitif, ce qui affectera leur réussite scolaire puis professionnelle. Leur moindre réussite sociale explique sans doute qu’ils soient moins satisfaits par rapport à leur vie.
Bref, si les petits réussissent moins bien que les grands, ce n’est pas parce qu’ils sont plus petits, mais parce qu’en moyenne, les petits sont plus susceptibles que les grands de ne pas avoir atteint leur plein potentiel. Autrement dit, qui est petit pour la seule raison que ses gênes le prédisposeraient à l’être, n’a probablement pas moins de chances qu’un grand de bien réussir socialement.
Finalement, la relation entre taille et bonheur a la structure suivante :
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