tag:blogger.com,1999:blog-15972390.post113256857351271757..comments2024-01-23T11:22:08.094+01:00Comments on L'Antisophiste: Indolents AfricainsClaude Bordeshttp://www.blogger.com/profile/10553217296813273482noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-15972390.post-1134644083421304982005-12-15T11:54:00.000+01:002005-12-15T11:54:00.000+01:00A partir de la citation suivante extraite du blog,...A partir de la citation suivante extraite du blog, je rebondis sur un questionnement plus général : <BR/>Expliquer, c'est comprendre : <BR/>"Expliquer un phénomène social, c’est en faire le résultat d’actions dont il faut saisir le sens. Saisir le sens de ces actions (les comprendre), c’est généralement en retrouver les bonnes raisons... faire tenir ensemble de la manière la plus cohérente possible un ensemble d’informations sur le passé [des acteurs], leurs ressources, leur situation ou le contexte social dans lequel ils se meuvent." <BR/>1) Mais est-ce que l’approche sociologique n’expose pas alors toujours à la conclusion que « dans la même situation, on aurait agi de la même façon ? » Dit autrement, une fois que l’on a compris, n’est-on pas obligé d’approuver ? <BR/><BR/>L’argumentation généralement déployée pour affirmer que l’explication n’a rien à voir avec l’approbation a pour elle de sembler imparable et d’être une proposition qui va de soi, que l’on ne met plus en question : expliquer, c'est donner les bonnes raisons, c'est rester dans le champ scientifique ; justifier, c'est donner raison, approuver, c'est se placer dans le champ moral, faire intervenir le bien et le mal, dit-on. Il est possible d’expliquer (science) pourquoi quelqu'un a agi mal (morale). Expliquer un crime par la jalousie ressentie n’oblige pas à considérer pour autant qu’il est défendable d’attenter à la vie d'autrui.<BR/><BR/>Pourtant, la ligne de séparation entre l’explication et la justification n’est en aucune façon aussi nette que ce qui est dit. Tout d’abord, à chaque fois que l'on explique un comportement répréhensible, on donne ce faisant à autrui - son auteur ou un tiers - des moyens pour le justifier. Un bon avocat, c’est quelqu’un qui explique bien les agissements de son client. <BR/>Bien plus décisif, l’explication formulée modifie notre propre rapport à celui dont nous analysons le comportement : alors que le jugement moral exige un fonctionnement du tout ou rien, celui-ci n'est plus possible dès que l'on commence à examiner avec attention le contexte. Si « dans la même situation, on aurait agi de la même façon», alors l’explication fragilise toujours et parfois fait tomber les frontières avec celui qui semblait au départ condamnable, voire inhumain, monstrueux. La Cliente de Pierre Assouline est d’abord une abjecte délatrice. Puis, nous découvrons les détails de son histoire. Petit à petit, elle devient une femme déchirée, torturée. Et finalement, elle nous pose cette question : nous-même, dans cette situation, comment nous serions-nous comporté ?<BR/>Avec l’explication, plus précisément avec l’attention à la complexité de la situation de l’autre qu’elle suppose, on est obligé de renoncer au sentiment d’étrangeté, lequel facilite tellement (ou peut-être même est nécessaire à) la condamnation sans appel !<BR/><BR/>2) Faut-il alors, si l’on ne veut se retrouver dans une situation proprement intenable, réserver l’approche sociologique aux seuls comportements qui ne vont pas à l’opposé de la morale que l’on approuve, qui ne sont pas, à nos yeux, fondamentalement répréhensibles ?Anonymousnoreply@blogger.com